Anti-bullying

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4 participants

    Long et difficile

    avatar
    Seb


    Messages : 3
    Date d'inscription : 04/08/2014

    Long et difficile Empty Long et difficile

    Message  Seb Dim 10 Aoû - 18:58

    Mon témoignage commence là où j'habitais, dans un petit quartier d'HLM, dans une petite ville côtière. Il y a mon père, ouvrier dans une usine, ma mère, sans travail et mes deux sœurs. Nous sommes une famille modeste, vivant avec nos moyens. J'ai 2 ans à peine, j'ai quelques bons souvenirs mais cela s'arrête là. Vers mes 3 ans, nous déménageons dans un autre quartier HLM de la même ville. Ma sœur va en maternelle et je suis très pressé de m'y rendre à mon tour. Ma mère est très présente, voir un peu trop. Mon père est souvent au travail. Les rares fois où je le vois je passe de bons moments avec lui. Nous voici en septembre 1997, j'entre pour la première fois à l'école. À mon grand désespoir, ma mère ne peut pas rester. Je pleure, je lui supplie de rester, mais qu'à cela ne tienne. Je reste alors isolé, pleurnichant malgré les tentative de l'institutrice de m'intégrer dans ma nouvelle classe. Je reste muet face au monde extérieur que j'affronte pour la première fois. L'institutrice commence à rapporter à ma mère ma fermeture, ma timidité et suppose un autisme prononcé sinon un retard mental. Agacée, ma mère ignore ces suppositions. L'année suivante arrive, mes premiers ennuis avec mes camarades aussi. Ils commencent à se moquer de moi, m'insulter, s'accaparent tous les jouets et l'ordinateur en classe, tous les vélos à l'extérieur. J'arrive tout de même à avoir deux amis, un garçon et une fille. On reste à trois et on s'amuse. Mais quand ils sont absents, c'est là que je crains les assauts de G, un garçon assez dur. Il me frappe, m'abîme des affaires. Je ne dis rien, ce qui l'encourage à recruter d'autres autour de lui. Je me souviens un jour où plusieurs m'entourent et me crient « Il est fou ! » en me désignant du doigt. Je me rappelle une paire de lunettes cassées et d'une blessure au coin de l’œil avec un bâton qui cognait à cet endroit. J'allais dans une sorte d'atelier pour les enfant ayant quelques difficultés, ce qui accentuait le clivage entre moi et les autres. Moi qui voulait entrer en maternelle, j'étais servi. Néanmoins, chez moi, je recevais l'amour de mes parents et rien ne le vaut. Je piquais à mes sœurs des dictionnaires, des encyclopédies, sur l'astronomie et l'histoire dont je dévorais les illustrations. J'ai même appris à lire seul ! Pour l'écriture, malheureusement, les institutrices voulaient que j'écrive de la main droite et non de la main gauche (ce que j'avais l'habitude de faire). Mais c'est un détail. La fin de la maternelle approche et je suis à la fois excité et craintif quant à la rentrée prochaine. Je fréquente également un centre aéré où je connais le même genre de camarades nuisibles, qui m'insultent et me frappent avec la passivité des animateurs.

    La primaire arrive et son nouveau lot de dérangements. L'institutrice commence à m'avoir à l’œil et me reproche exactement la même chose que les institutrices de maternelle (autisme, retard mental) et les lexiques utilisés par mes camarades pour m'insulter s'adaptent. Je n'ai personne avec qui jouer, sinon des camarades qui font les potes mais n'hésitent pas à m'accuser pour leurs bêtises. Je suis ainsi puni pour avoir « enfermé l'institutrice le soir », « Tapé du pied dans une porte ». C'est entre autre les excuses pour me fournir quelques punitions, des lignes à copier, mais c'est anodin en primaire. Ma mère devenait plus froide, plus distante et plus désagréable avec moi (pas mal de choses interdites, personnes à ne pas fréquenter, horaires stricts, dévalorisation gratuite plus rarement). Ma première sœur réagit en se plaignant sans cesse auprès d'elle pour n'importe quoi et en me rabaissant aussi. Mon père est totalement absent (je commence à voir qu'il boit et qu'il est colérique). Ma seconde sœur est complice avec moi. C'est alors que j'évolue dans mon année de CP dans une grande honte, je me vois comme un moins que rien. L'institutrice refuse d'admettre que je sais bien lire et me met un jour au défi (lire le dos d'une image, vous voyez, ce qu'on a avec dix bons points). Ma mère me défend toutefois auprès d'elle et demande à la psychologue de l'école de se pencher sur mon cas. Je ne comprend pas ce qui se passe et encore moins ce qu'est un psychologue ! Pour l'anecdote, quand ma mère me demande si l'institutrice me fait voir la psychologue, je dis que non juste parce que je ne sais pas ce que c'est ! Je vais ensuite dans un centre spécial (au sigle CMPP, que mes camarades de classes emploieront pour me rabaisser, en disant CMBB, en référence à mon comportement immature). Ma mère m'isolait davantage. Pour me protéger, je ne sais pas, j'ai du mal à en juger. Il est à savoir que depuis la maternelle, ma famille fréquentait une église qui donnait des lignes de conduite à respecter. Cela a contribué à la sévérité de ma mère, qui reste aujourd'hui assez croyante. Le long de ma primaire, nous avions des sorties au cinéma, dont certaines pour voir le film Harry Potter. Elle m'a formellement interdit de le voir, car cela mettait en scène de la sorcellerie. J'ai du me justifier auprès de mes camarades de mon absence, ce qui accentuait leur méfiances. Cela m'en bouchait un coin. La fin de l'année, il y a quand même eu une détente ce qui m'a permis de sortir quelquefois de chez moi, de m'ouvrir un peu aux autres, bref du beurre dans les épinards.

    En CE1, je continue de voir le psychologue. On me soumet à un test de QI qui dure quelques mois. Pendant ce temps, je me fais quelques amis. J'ai perdu de vue la fille et le gars que je fréquentai en maternelle, par contre j'ai fait connaissance avec deux gars et une fille. Je restais avec eux. Ils ont commencés aussi à se faire emmerder. L'un était roux, l'autre Québécois, donc étranger, l'autre était grosse. Je vous laisse imaginer les sales remarques qu'ils ont entendus. Un élève dans ma classe était fortement perturbateur, je ne peux m'empêcher de rire. Cela rendait les autres encore plus méfiant à propos de mois. J'ai ainsi plus de punitions que en CP, pour ricaner en classe. Je change de place et je suis à côté d'une fille qui me frappe. Un jour, je suis accusé d'avoir gratté de la peinture, provoquant une tache blanche sur le mur violet. Mes parents sont informés et tout se passait comme si j'étais coupable de la faute, avec punition à la clé. J'apprends deux choses vers décembre d'abord : je vais avoir un petit frère. Cela me fait stresser et jubiler à la fois. J'apprends également en février que je suis diagnostique, via le test de QI, intellectuellement précoce, ce qui peut expliquer l'immaturité et le détachement par rapport aux autres . L'institutrice, lors des séances d'ordinateur, me donne des exercices plus difficiles, ce qui me complexe. Mes camarades qui me sont hostiles vont intensifier leur méfaits. En rentrant en bus, comme tous les jours, deux d'entre eux se retournent et me donnent des coups de poings en veillant à ne pas être vu. Je sors du bus en pleurs le soir. On commence à me poser des questions d'apparence innocente mais moqueuses. Le harcèlement s'étend à d'autres classes. Un jour on me couvre le visage de craie bleue. Je me fais disputer devant certaines autres classes et surnommer « strouph ». Un jour, dans les toilettes également, quelqu'un fait couler tous les robinets. Devinez ce qui se passe alors … Ma mère devient un peu moins sévère, ma première sœur aussi. Mon père pique de premières grosses crises et frappe ma mère enceinte ! Scolairement on peut conclure que le CE1 était plus détendu et j'affectionnais particulièrement les moments où je marchais seul dehors ou quand on allait voir un feu d'artifice le 14 juillet. Rares étaient ces moments où mes parents me suivaient pas où que je me couchais tard. Je commence à me faire emmerder par des enfants de mon âge dans mon quartier.

    L'arrivée de mon frère me rend un peu jaloux et honteux, je me sens pas à la hauteur pour devenir grand frère. Ma mère redevient plus sévère et mon père pique davantage de crises.

    En CE2, je tombe sur une institutrice sévère et qui me repère vite. Elle est plus virulente que celle du CP. Elle me dispute souvent, me reproche souvent de mal écrire et me donne pas mal de punitions. Je fréquente encore le garçon roux et le Québécois. En récréation, nous sommes vitre pris pour cibles : mes camarades nous lançaient fort le ballon, des filles nous posaient des questions pièges, on était insultés et frappés. Un jour, un gars vient nous importuner. On se défend, mais il ramène des surveillants et joue la victime. On doit aller ailleurs... Le pire est quand je suis seul. Un garçon dont j'ai déjà parlé plus haut, qui me faisait chier en maternelle que je nommerais G, a quelques nouveaux amis, B, R et T. Ils viennent  me frapper et casser des affaires. Ils se plaignent ensuite à l'institutrice en se présentant comme victimes, affirment que je leur fait du mal. Ce ne sont  pas les seuls, un peu toute la classe en profite. Un jour, lors d'un jeu auquel tous les élèves de l'école participaient, je suis dans le groupe des sales gars. Vers la fin du jeu, ils déchirent la feuille de route de notre groupe et vont dire à l'institutrice que je l'ai déchiré. Je me fais alors disputer devant tous les instituteurs tandis que les sales gars rigolent. Un jour, trois gamins me poussent violemment l'un après l'autre. Un autre, je lance un avion en papier et un gars me dénonce aux instituteurs. Je suis démotivé pour travailler, donc je fais rarement mes devoirs. Donc il s'instaure un cercle vicieux, je fais pas mes devoirs donc j'ai des punitions, donc je me fais encore emmerder … Chez moi, mon père piquait toutes les semaines de grosses crises et ma mère me menaçait de m'envoyer en pension. L'année se poursuit avec toujours des craintes que mes camarades m'accusent de choses que je fais pas, j'étais sur mes gardes. Un jour, ils répandent une rumeur comme quoi j'ai embrassé mon camarade roux. Elle se répand jusque dans mon quartier et ma mère me punit pour quelque chose que je n'avais pas fait. On me traite non seulement d'intello, de triso ou de mongole, mais aussi de PD.  Je me fais voler des affaires dans le bus, les gens se les passent en les lançant et je les récupère cassés. Quand je me plains, l'institutrice prend parti pour mes camarades emmerdeurs. Vers fin juin, je finis mon année de CE2 plus tôt que prévu, ce qui me soulage. Cette année est la pire de la primaire, je ressentais encore plus de honte et de dégoût envers moi même que au CP. Je crains de me faire engueuler par mes parents, je cherche à me conformer à ce qu'ils veulent. Ayant vu des dessins animés avec des gars lourds qui draguent lourdement des filles, ou des gars qui sont dépeints souvent comme des voyous, je finis par me construire en opposition par rapport aux stéréotypes que ces dessins animés mettaient en évidence. Par refouler toutes mes émotions. Par adopter un comportement moins masculin. Mon père se met à battre mes deux sœurs. J'ai alors décidé de le fuir, je commençais à le craindre fortement et à le détester.

    En CM1, dès le premier jour je me fais des amies. Je vais souvent chez l'une d'entre elles et nos mères se connaissaient. L'institutrice est gentille, je me fais défendre contre mes harceleurs. J'adopte alors la même tactique que ma sœur a employé quand j'étais au CP, à savoir faire la victime pour donner pitié aux gens. Un jour, une fille me tabasse dans le bus, et violemment. Mes parents finissent par le savoir, mais le directeur ne veut rien entendre. Je reçois alors des menaces « Si tu vas voir le directeur, on va raconter que tu as tabassé la fille ! ». Un autre jour, mon père tabasse ma sœur et lui casse le poignet. Ma seconde sœur a le doigt cassé au collège, accidentellement. En novembre, la mère de mon père décède ce qui me rend triste. L'année de CM1 se poursuit et malheureusement les amis que je me suis fait finissent par participer aux brimades désormais plus courantes. L'institutrice finit par prendre elle aussi parti … L'année se finit mal, ma mère devient encore plus sévère. Je perds davantage confiance en moi. Ce sont surtout des piques maintenant. Lors des sorties scolaires, je suis exclu et je fais l'objet de railleries.

    En CM2, mes camarades harceleurs deviennent plus virulent encore (c'est l'effet « Nous sommes les plus grands de l'école donc on se la pète »). Tous les jours, insultes, dénigrement du travail que je fais, disputes … Mon camarade roux est parti dans une autre classe et je renforce mes liens avec le Québécois. Les emmerdeurs ont mis les bouchées doubles. On s'est fait piquer une ou deux affaires, il a eu ses lunettes cassées parfois … C'était aussi des provocations. Nous établissons des correspondances avec des élèves de sixième. Nous allons par deux fois au collège pour les voir. Mes harceleurs en profitent pour diffuser de sales rumeurs sur moi, du coup des collégiens se mettent à m'insulter et me menacer (« au collège on va te casser la gueule »). Le harcèlement s'étend sur internet : je crée des blogs et un forum sur l'astronomie, puis je reçois des commentaires insultants et anonymes. Je présume que quelques commentaires étaient écrits par mes harceleurs, une fois il n'y avait pas l'anonymat. Je finis par empêcher les anonymes de poster des commentaires. L'année  poursuit et les insultes s'intensifient. En Juin, mon ami et moi sommes tabassés par mes harceleurs et quelques sixièmes. Peu de blessures mais je voyais bien que le collège allait mal se passer. Dans mon quartier, on connaissait ma réputation, des gamins m'insultaient et me frappaient. Je me défends pas contre des gosses de 5 ans ! Un jour, des gars de 15 ans me lancent un pétard dans la gueule, rien de cassé mais j'ai eu peur. Je n'ose plus sortir. Je deviens encore plus honteux à cause de cela et de ma puberté qui annonce une sorte de « masculinisation forcée ». Je deviens complexé à propos de mon profil peu sportif, je me sens inférieur aux autres. Je refoule toujours autant mes émotions, mes désirs, mes pensées, je reste fermé.

    En 6ème, j'arrive devant les listes afin de connaître ma classe. En arrivant devant les portes, des élèves me regardent et me montrent du doigt en disant « C'est lui le gars qui est con », « Il est bizarre », « Faut pas le fréquenter » et des insultes (PD, triso, intello …). Je rentre en classe et l'excitation à propos de ma rentrée au collège devient de la peur ; certain camarades contredisent tout ce que je dit, m'insultent … Je me fais heureusement quelques amies (je m'entend mieux avec des filles). Elles me complimentent, me disent de pas écouter les insultes. Souvent, je reste seul. Ce qui donne l'occasion à d'anciens et nouveaux harceleurs de me frapper et m'insulter. On me vole des affaires. Je signale mon cas via une fiche de présentation que le professeur de technologie nous fait remplir. La CPE me convoque et me demande de détailler. Elle convoque aussi mon professeur principal et ma mère. Mon professeur principal s'engage à surveiller les débordements et multiplie les séances de vie scolaire. Ma mère me parle un soir, chez moi, me dit que c'est la vie, que je me ferais toujours insulter et que ça sert à rien de ruminer tout et que je risquais de devenir agressif si je ruminais. J'ai alors refoulé ma tristesse. J'ai commencé à somatiser (maux de tête voir migraine fréquentes, brûlures d'estomac, malaises). Les médicaments ne font pas effet. En février, je commence à pleurer souvent en secret et j'essaye de montrer subtilement aux autres que je souffre. Faire la gueule pour le moindre prétexte, lancer des sortes de messages codés. Finalement, ma mère l'a su, comprend que je me plains encore et m'engueule vivement. Je finis par refouler encore davantage ma tristesse. Je commence à avoir des phobies (extraterrestres, zombies, fantômes) et de nombreux cauchemars. J'en fais tout le temps. L'année avance et mon professeur principal joue bien son rôle. Depuis le CM2, mes notes ont beaucoup augmentées. J'ai une moyenne de 14. Les professeurs m'apprécient mais remarquent que je participe très peu. En Juin, un voyage est organisé. Dans un centre d'hébergement, des élèves d'autres collèges sont avec nous. Mes harceleurs et eux se joignent pour bien me faire chier (insultes, affaires cassées, m'empêchent de dormir, m'excluent des parties de football …). Je tiens le cap. Un jour, je me retrouve un matin avec du jambon dans ma trousse. Mes camarades sont dégoûtés et se foutent tous de ma gueule. La nouvelle se répand dans le collège et je passe pour un sale, maintenant ! J'apprends par la suite que un camarade avait glissé le jambon dans ma trousse. J'ai des remarques sur mes vêtements et sur mes dents un peu jaunes (malgré de tas de brossages de dents). Entre temps, mon père devient encore plus violent, ma mère devient un peu moins sévère, mon frère prend parfois la grosse tête mais est gérable et je consulte un neurologue pour mes maux de tête, prend trois médicaments qui sont inefficaces et passe un scanner et un IRM …

    En 5ème, je suis toujours aussi timoré. Un gros gars teigneux est dans ma classe. Il perturbe beaucoup le cours, provoque et insulte les professeurs et les autres élèves. Il me menace de me tabasser à la sortie, commente tout ce que je fais. Il se fait des potes et désormais je vois que le collège m'est globalement hostile. Questions pièges, à caractère sexuel (avec le fameux « t'es puceau ? » ou « Elle est bonne la fille là » ou « T'es PD ? », « C'est vrai que tu as embrassé un mec sur la bouche ? », insultes, coups … Une fois, on me bouscule dans le couloir en m'insultant. J'ai une certaine chance d'avoir des professeurs qui me sont favorable contrairement à d'autres cas de harcèlement. Je n'hésite pas à « balancer ». Mais les épisodes comme cela se multiplient le long de l'année. Malgré que le gros gars teigneux est exclu du collège, d'autres prennent le relais. Je commence à traîner avec des gars que je connaissais depuis la primaire. Je voyage d'un groupe à l'autre, du groupe de gars au groupe de filles que j'ai connues en 6ème . 2008 commence et je perd de l'aplomb à dénoncer les autres quand j'avais des problèmes avec eux. Je commence à ne plus rien dire, à être épuisé. On commence à me lancer des cailloux, des pommes de pins, des projectiles divers et à hurler des insultes. On met mon sac dans la poubelle. On rappelle la rumeur du baiser avec un garçon. Du jambon dans ma trousse. Mais je recommence à refouler ma tristesse. J'essaye encore et toujours d'être intégré et sociable mais je pisse dans un violon. Dans le cadre de l'itinéraire de découverte (matière où on fait une recherche sur un sujet précis), nous allons dans un musée sur les Romains au mois de Mars, ma mère est présente pour encadrer les jeunes. En Juin, nous partons 4 jours dans un camp d'archéologie. C'est assez serein aussi. Il en va de même pour un voyage en Angleterre. En fin d'année, les branleurs partaient les premiers en vacances, il restait donc des gens plus sérieux. Finalement je fais une sortie ou deux dans le cadre d'un « club nature », qui propose des sorties pour observer des oiseaux, des poissons … C'était serein aussi. Globalement, j'ai 17 de moyenne et je suis 3ème de ma classe. Je sors avec le groupe de gars mais ressens l'hostilité latente de quelques uns d'entre eux …

    Pendant les vacances, ma mère a fait connaissance avec une femme et elles deviennent amies. Ma mère me propose d'aller chez elle pour voir sa fille que je nommerai PG (initiales). Ma mère me dit que cette fille est un peu comme moi. Je stresse un peu et finalement on y va. Je fais connaissance avec cette fille, qui est très timide. Allant régulièrement chez elle, je fais connaissance avec elle. Elle me montre ce qu'elle aime et on joue à des jeux-vidéos ensemble. On devient amis. Ensuite, je fais connaissance avec son cousin, que je nommerai FM (initiales). Il est sympa, quoique un peu hautain. Quand ma mère révèle que j'ai été diagnostiqué intellectuellement précoce en CE1, FM devient moqueur. Il m'insulte en entraînant sa cousine avec elle. Je commence à me méfier. Quand il n'est pas là, sa cousine redevient sympa. On fait des sorties, ça se passe plus ou moins bien. Un jour, on part à la piscine. Je tombe sur un ancien camarade de CM1, qui se plaisait à relater la rumeur du baiser à un garçon. Je le nommerai LB. Il s'en donne à cœur joie.

    J'entre en 4ème en section européenne en plus du latin que j'avais pris en 5ème. Je pense tomber sur une classe sérieuse, mais c'est sans compter sur des harceleurs qui étaient présents. Le groupe de mec commence à me rejeter, mais je me plains au professeur avec qui on résout le conflit. Les garçons constituant le groupe sont CR, AR, RL, QG, CC, TM. Ce dernier me dit pourquoi certains du groupe me sont hostiles. L'année progresse. Les insultes et les coups deviennent monnaie courante et plusieurs rumeurs sont lancées. Je réagis en me refermant davantage et en travaillant abondamment, c'est comme un refuge. Chez PG, une connerie est faite. FM m'accuse alors que c'est en réalité PG qui l'a commise. Ma mère m'engueule vivement et devient en froid avec sa mère. Je reverrai un mois plus tard PG, en lui pardonnant sa traîtrise.

    Mon père devient encore plus violent, il ne travaille plus et frappe régulièrement mes sœurs et ma mère, il accuse cette dernière de le tromper, bref il reporte tous ses défauts sur elle. Il veut contrôler tout ce qui se passe. Il insulte, menace en privé mais paraît super sympa en public. On appelle les gendarmes en novembre après qu'il ait tabassé ma sœur. Il joue la victime.

    En décembre, je commence à déprimer. Je pleure souvent, je continue à faire des cauchemars depuis la 6ème, je me renferme tellement que je critique tout. J'agis en automate complet, je me met une pression d'enfer pour mes notes et me fais du mal (claquer la tête sur les murs ou le poignet). En Jamvier, nouvelle crise de mon père. La famille de PG est informée mais ma mère refuse l'aide. Au collège, on continue de m'insulter. Je finis par vouloir en finir. En Avril, mon père pique tous les jours des crises abominables. Un dernier jour, il finit par claquer le crâne de ma sœur contre le sol et lui arrache des cheveux, elle appelle les flics dans les toilettes (il avait cassé le téléphone fixe). Les gendarmes embarquent mon père et je vais chez PG avec une douleur au ventre atroce. Mon père finit par être écroué et le soir j'apprends que mes parents divorcent. Le fait que mes sœurs et ma mère expriment leur tristesse m'encourage à exprimer la mienne. Au collège, des camarades apprennent ce qui s'est passé. Quelques uns me posent des questions et un me donne les raisons officielles de mon rejet (après une grosse engueulade avec lui, où je me suis plaint de mon rejet).
    Suite à un nouveau conflit avec la famille de PG, on ne les revoit plus.

    Pendant les vacances, je me relève doucement. Je commençais à me libérer des ordres de ma mère et je ne voulais plus voir mon père. J'entre en 3ème en espérant que ce serait moins mouvementé.
    L'année commence bien car j'essaye d'être plus ouvert. Je constate un rapide changement, quelques harceleurs sont plus sympas avec moi. Mais pour d'autre il faut encore traverser des conflits. En octobre, en sortant du gymnase, je pleure en me rappelant des méfaits de mon père, j'ai un coup de blues. Des filles et un ancien harceleurs me demandent pourquoi je pleure et on entre en conflit contre le groupe de mecs. On discute encore de mon intégration au sein de leur groupe. Une autre fille (MCL) se fout fortement de ma gueule mais une autre me défend (OL). La professeur principale finit par intervenir en notre faveur et la fille moqueuse (MCL) se calme après avoir menacé plusieurs fois la fille m'ayant défendu.
    En novembre, une amie de OL que je nommerais LL se m’insulte en criant dans la classe. Elle s'enflamme et finit uniquement quand le professeur intervient. Personne ne me défend cette fois ci ; LL fait quelques émules et pendant une semaine un second conflit agite la classe. J'essaye de me défendre tant bien que mal, je vais me plaindre à la professeur et je reçois des représailles (« Tu fous la merde dans la classe », « Le collège parle de toi mec ») . N'ayant aucun soutien contrairement à d'autres conflits précédents, j'angoisse pendant quelques jours. Finalement, QG ( je suis chiant avec mes initiales ! QG est un gars du groupe de garçons ) me parle et dit qu'il veut pas que le conflit continue et il s'achève. En décembre une sortie se passe très bien, j'ai de meilleures relations avec des anciens harceleurs. Je crains toujours que derrière ils me critiquent autant qu'avant, mais je refoulais cette crainte. L'année avance et je continue de m'ouvrir à des trucs d'ado. Je refoule toujours autant ma peur que derrière les apparences, tout le monde me critique. J'avais peur que ma déprime de la 4ème revienne. Je refoule cette peur. Jusqu'en Juin où j'ai vu plusieurs gens de ma classe se dire adieu, en pleurant, en se câlinant. Je suis à l'écart, donc j'ai ressenti la même sensation que j'avais ressenti en 4ème ! Donc ma crainte revient plus fort, et je la refoule plus fort encore ! Je me demande également si je ne suis pas en train de jouer un rôle.

    J’échafaude un « grand projet » qui consiste à être ami avec tout le monde, à ne plus jamais aller mal comme en 4ème. Je crains plus que tout que ce projet faillisse ! Je voulais calculer mes actions au millimètre près ! Je veux maîtriser toutes mes émotions. Bref, un fantasme de toute-puissance.
    Le mois de juillet passait et j'étais « super bien ». Je met des guillemets car je pense que le sentiment de joie est là pour refouler davantage la peur. En fin de mois, j'ai des crises d'angoisses qui arrivent et un trouble d'anxiété généralisée. Ce trouble renversait du revers de la main mes espoirs. Il gênait tout. Le principal symptôme est l'attente anxieuse (allez voir sur wikipédia).
    Quand on me parlait j'avais peur que l'on m'insultait comme en 4ème. Je vais dans un centre aéré et je rencontre des amis que je fréquente encore aujourd'hui.

    Je pense que cette attente anxieuse prendra fin avec la rentrée, donc je prenais chaque jour pour un fardeau. La semaine de la rentrée arrivant enfin, je stresse à fond pour la rentrée. J'accepte mon anxiété et je révise tous mes plans ou bien je la combat sans cesse et j’exécute mes plans envers et contre tout ? Je dors très peu cette nuit. En allant au lycée le lendemain, je suis parcouru par l'angoisse. Je revois le groupe de mecs, CR est encore là avec un autre gars du collège (que j'ai pas cité, je m'en suis rendu compte) que je nomme MB, mais aussi de nouveaux, GD, FM (je constate avec horreur qu'il revient) et SW.

    Dans ma classe, il y a des anciens harceleurs et un groupe d'élèves venant de villages aux alentours de la ville où se trouve le lycée. Il y a, en dehors de la classe, des élèves de familles aisées, dont LB.
    Je ne dis absolument rien, je reste muet, quand le professeur présente le lycée. On doit se rendre dans l'amphi pour que la proviseure nous présente le lycée. En voyant ce sacré paquet de monde, je stresse. En sortant du premier cours, je reste seul, très stressé. Des gens de ma classe que je connais pas viennent me parler je me présente brièvement. Les principaux sont GS, KB, CD, EL, MR et MSR. Ensuite, je constate que des vielles connaissances du collège ont racontés des rumeurs et des trucs sur moi. À un moment, une bande de fille venait me demander « C'est vrai que tu es un intello ? ». J'ai stressé à mort et je n'ai pas répondu, elles se sont marrées. Un autre jour, FM traînait avec LB et ils commençaient à me lancer des piques. À la cantine, LB m'a invité à manger avec lui et ses amis. Il me demandait « Tu attends le gars que tu as embrassé en CE2 ». J'en suis vert, je pars de sa table sous les moqueries. Je commence à chercher à aller avec le groupe de gars du collège. Mais CR en a pris la direction, FM les a rejoint et SW me frappe. Le groupe m'est alors hostile. Sur Facebook, je commence à recevoir des insultes de leur part. Une fille fait semblant de me draguer pour se foutre de ma gueule, puis une autre. Une autre, pendant les cours d'anglais, me pose des questions cochonnes. Je refuse de répondre, sous les moqueries. SW vient souvent m'insulter. Je me dirige alors vers mon camarade de très longue date (le gars que j'aurais embrassé en CE2) et une amie à lui. Nous sommes dans la même classe. Les groupes se constituent : celui de mes anciens harceleurs, qui recommencent à chercher les noises, celui de GS, KB qui m'apprécient et nous trois.
    Des rumeurs circulent comme quoi je suis en couple avec la fille. On s'isole dans la cour. Je prend des options différentes de celles qu'ils ont, je suis alors surtout avec des anciens harceleurs. En sortant de cours, ils m'empêchent souvent de sortir du bâtiment et se foutent de ma gueule. Je les évite. À la sortie du lycée, les insultes fusent, on me donne quelques coups parfois. Le lycée est globalement informé sur mon cas et rares sont les personnes à ne pas m'adresser un regard de travers. SW vient me voir pour m'annoncer que le groupe de garçon du collège ne veut plus me voir et ce même groupe commence à se foutre de ma gueule, à m'insulter et parfois me frapper. Ils allaient voir les autres lycéens pour dire des mensonges sur mon compte et diffuser des rumeurs. Quelques unes de mes affaires ont disparues. Chez moi, ma mère redevient plus sévère : je suis engueulé pour un oui ou pour un non. Je suis surveillé quand je me préparais. C'est lourd.

    À un moment, en novembre, je veux alors jouer un rôle pour m'intégrer et me libérer de mes peurs (timidité, blocage au niveau de filles, du sexe, tout ça). Je joue alors joué le wesh, le branleur.
    De plus, je ressens toujours l'anxiété que je fuis. Je ne suis plus motivé pour travailler. Ayant été troisième de la classe avec 17 de moyenne pendant le collège, le décrochage est surprenant.
    J'adopte la démarche et le vocabulaire. Mes anciens harceleurs font les potes, feignent une sympathie pour moi. C'est ainsi que pendant des mois, je me plais dans le monde que j'imagine : je suis intégré, j'ai des potes … Toutefois, le groupe qui m'a apprécié en début d'année m'avertit « Tu étais un gars sérieux et maintenant tu fais des connerie ». Je me remettais fréquemment en question, voulant parfois abandonner le mode wesh pour repasser en mode intello. Je passe alors pour un schizophrène quoi.

    En anglais, je répond aux questions cochonnes de la fille. Je me place au fond dans les autres cours. Je fume. J'imite le gars super ouvert. Malheureusement, la vérité revenait en pleine face.
    En Novembre, les moqueries de filles s'intensifient, une fois une fille derrière qui se marchait le soir pour aller vers l'arrêt de bus se retourne et fait semblant de m'effrayer. Une fois je crie sur les toits que je suis amoureux d'une d'entre elles, encore des moqueries. Avec les gars, je « m'exerce » à parler comme eux, donc cela les amuse. Je me convainc que c'est des signes d'amitié.
    En fin d'année, une fille me demande de faire une vidéo de stip-tease. Je me dis « Là c'est pas possible, ça dépasse les bornes ». Je vais me plaindre à une professeur, qui a averti la classe comme quoi des sanctions tomberaient. Résultat : un grand conflit ouvert où je recevais un tas d'insultes, de menaces en IRL et sur facebook. C'était en Mai. Un gars me menace de me défoncer mais je reçois la défense de quelques personnes (celles qui m'étaient favorables en début d'année, ils m'ont dit « Enfin tu fais face à la réalité ! »).

    En février (je retourne en arrière), une matinée d'animation pour l'orientation était organisée. J'arrivais assez tôt. Dans le hall se trouvait MB, GD, SW et surtout FM. Ce dernier m'interpelle en m'insultant puis me raconte « Tu te souviens quand tu fréquentais ma cousine, tu étais amoureux d'elle n'est-ce pas ? Tu l'as traumatisé tu es vraiment un taré elle a eu peur de toi !!! ». Je pars, choqué par la remarque percutante. Ils m'ont suivis et continué les petites insultes.

    En Janvier, je les ai croisé dans un supermarché tout près du lycée ; ils ont fait pareil (insultes).

    Quand je me rend compte de la réalité, une grande tristesse et une grande colère me gagne, que je refoule.

    C'est ainsi que l'année avance et que ma moyenne arrive à 12 à la fin de l'année. Je passe de justesse en filière scientifique. Les appréciations des professeur témoignent de leur déception. Je pique une crise sur facebook en postant des statuts sur mon rejet et trois camarades me calment.

    Pendant les vacances 2011, les remarques de ma mère sont plus nombreuses. Je suis puni d'ordinateur (mais merde!) et je reçois diverses reproches. Quand je sors, je me fais insulter dans la rue par des gamins. J'évite de sortir par peur de recevoir davantage d'insultes. J'essaye de réitérer le projet pour la première (plein d'amis tout ça …...... ). Parfois, la réalité revient encore et je refoule encore ma tristesse et ma colère.

    En 1ère S, je refais mon gros beauf. Cela dure un mois. Ensuite, je commence à laisser passer un peu ma tristesse. FW continue de me harceler avec son groupe. Dans ma classe, un autre groupe m'en fait voir de toutes les couleurs (MH, LM, MLP, DC) en se servant dans ma trousse, en criant des insultes sous couvert d'humour, en me frappant . Fin Octobre, un violent conflit éclate contre le groupe de GS (le groupe qui m'était favorable en début d'année de seconde).

    Pendant les vacances, je deviens agressif avec ma famille. Je me vêtis de noir et j'écoute des musiques violentes. Paradoxalement, n'ayant toujours pas de gueule, je me fais remballer par ma mère et mes sœurs. Un soir, je sors dehors. Deux gars se foutent de ma gueule. Je les ai connus au collège. Je rentre chez moi et explose. C'est ainsi que pendant plusieurs mois j'envoie chier le monde, je ne ressens que de la colère, celle que j'ai refoulé. Je stressais car j'avais peur que ma déprime de la 4ème revenait, j'exprimais ma colère mais pas ma tristesse. Bref, je vivais dans un nouveau mensonge.

    Le conflit s'intensifie avec le groupe de GS. Une nouvelle rumeur est répandue par ce groupe .

    Aparté : Il y a le groupe de GS (partie de la classe de seconde qui m'étaient favorables en début d'année de seconde)
    Le groupe de CR (avec FM) qui m'a harcelé en seconde et en première.
    Le groupe de MH (avec les trois autres) qui m'a harcelé en première.
    Le groupe de BV (des secondes qui m'ont harcelés en décembre 2011, je vais raconter).

    En décembre, quand je suis dans la file d'attente de la cantine, un gars me touche dans mon dos. La première fois je laisse faire mais à la deuxième je me retourne et je vois des gars qui se marrent. Ils recommencent et pendant que je mangent se placent tout près de moi pour m'insulter. Le lendemain, ils hurlent des insultes dans la cour. Un jour après, je regarde le meneur droit dans les yeux et lui reproche ses airs supérieurs. Il persiste. Un mercredi, je finis par en parler à OL (une amie du collège) et à la CPE ; le meneur est convoqué et averti que s'il continue, il aura des heures de colle.
    Il recommencera brièvement en janvier et sera puni.
    Je finis par résoudre mon conflit avec GS par le dialogue.

    En Septembre, ma famille a refréquenté celle de PG. On allait fréquemment chez eux de nouveau et FM a vite fait en sorte que ma relation avec PG soit de nouveau biaisée. Au mois de Mars, suite à des provocations de sa part, je m'énerve. On s'explique tous ensemble et FM nie toute irrespect envers moi. Il se pose en victime et rejette la faute sur d'autres camarades. Alors qu'il est parti, je parle de ce que j'ai vécu au lycée. Au mois de Juin, FM continue de saper ma réputation dans sa famille et finalement je ne vois plus PG. Pendant ce temps, je tombe malade pendant des mois entiers (j'ai une toux sèche qui m'empêche de dormir et me fait cracher du sang, des otites, bronchites, sinusites, le pack quoi). Aucun médicament ne fait effet. Je suis malade pendant 4 mois entiers au total. Un jour en février je craque devant tout le monde et je m'entretiens avec la CPE ainsi que ma mère et GS. Ils me proposent leur aide. Malheureusement, GS ne sera pas très fidèle et au mois de mars j'entre en conflit avec ma mère (je la juge trop sévère, trop blessante, je me rebelle contre ses interdictions). Depuis 2011, je découvre de nouveaux styles de musique qui étaient interdits (rock, métal, rap …) ainsi que des films (dont le fameux Harry Potter). Je réussis avec difficulté à lui tenir tête et à lui faire comprendre que je suis pas façonnable à souhait. Je lui en ai longtemps voulu pour avoir autant été stricte dans l'éducation qu'elle m'a donné, trop « bouffante », « étouffante ». C'est ce que je fuis maintenant chez les fille.

    L'année avance et le groupe de CR recommence à bien me faire chier (moqueries bruyantes, alors qu'ils étaient calmés).
    Je finis par me plaindre à AR. Il faisait partie du groupe, mais était essentiellement avec sa copine. Depuis la seconde, il semblait partager ma souffrance. J'ai eu la preuve que non et il envoit CR m'insulter de tous les noms. Bref, ils sont victimes. À noter que SW a quitté le groupe et que ce groupe a fusionné avec celui de GS. L'essentiel du groupe m'est alors hostile et, je m'en suis rendu compte avec douleur, tout le lycée. Le mois de Juin est rythmé par le même cocktail, avec des allusions au suicide, des insultes concernant ma famille. Niveau résultats scolaires, j'ai baissé à présent à 10 de moyenne et à 8 en maths. Je passe de justesse en terminale, l'année qui m'offrira un bouquet final.

    Je remettait en cause mes comportements (froid, agressif, distant) et je pensais avec un optimisme inutile que dès lors que je changerai, les autres changeront. Grossière erreur.

    Depuis février 2011 et la fameuse matinée de l'orientation une nanas très belle m'intéresse. J'entre en contact avec elle et j'ai essayé de la draguer (lamentablement si je puis dire). J'ai l'espoir de pouvoir passer une bonne année. Le copain d'une cousine de PG me contacte. Il est également intellectuellement précoce et m'informe que mes espoirs sont vains, que le lycée est braquée, que la terminale sera mauvaise. Je le nommerai TG. Une connaissance du collège que je revois ne fait que confirmer. Je ressens toujours autant de stress que deux ans avant, la même anxiété généralisée. J'attends la rentrée déchiré entre espoir et peur. Pour la troisième fois, mes espoirs d'une rentrée réussie sont vains. Je n'ose pas voir la fameuse fille, elle se fout de ma gueule avec ses amies. Deux gars dans ma classe m'insultent tout le temps, se foutent en permanence de ma gueule, regardent tout ce que je fais, me lancent des papiers, des chewing-gums, des crayons, me surnomment moqueusement, créent de fausses histoires sur moi, me réitèrent encore et encore les rumeurs à mon compte. Les autres gens de ma classe restent passifs ou complices de leurs actes. Ils se ridiculisent en poussant des cris d'animaux, en chantant des chansons idiotes, en pétant bruyamment mais qu'à cela ne tienne. LB revient à la charge avec un autre gars, AM qui ne cesse de me faire de fausses déclarations d'amour, des allusions à l'homosexualité et des insultes (« PD »). J'ai répliqué juste une fois à ses multiples insultes et j'ai lui ainsi qu'un nouveau groupe à dos. Quand je pars de chez moi, que j’attends le bus, il m'insulte et j'entends ses amis rire fortement. Je dois rien lui dire tandis que lui ne cesse de me faire chier !

    C'est ainsi que j'ai le lycée entièrement à dos. Quand j'entre, des gens que je ne connais pas ricanent et m'imitent. On me donne des claques, on me vole des affaires. On déplace mon sac dans des coins improbables. Les deux harceleurs de ma classe me frappent en classe. Je reçois des insultes, des menaces, des incitations au suicide sur facebook, sur ask.fm et en IRL (« C'est quand que tu te suicide », « T'es bon pour le suicide toi »). Je reçois un cocktail d'insultes de tous registres (à propos de ma possible homosexualité, de l'obsession, de la saleté, de l'idiotie, de la folie) et des faits remontant à la primaire reviennent. On raconte ainsi comment je me suis retrouvé avec un jambon dans ma trousse en 6ème et quand j'ai embrassé un mec en CE2. Le mois de septembre se passe dans la souffrance comme en première. J'ai une maladie de la peau qui l'a asséchée. J'ai des plaies un peu partout sur les bras car je saigne facilement, j'avais des boutons aussi. Je saute fréquemment des repas donc j'ai des carences alimentaires (depuis la seconde). Je me rhabille de noir. Ma moyenne baisse à 8 avec 4 en maths et 3 en physique. À chaque rendu de contrôle, j'ai le droit à des moqueries (si la note et basse je suis idiot, si elle est haute, j'ai triché). La charité se moque de l'hôpital puisque les personnes se moquant de moi avaient souvent de pires notes …

    Je remarque que je suis un bouc-émissaire rêvé du lycée. On projette sur lui toutes les fautes, tous les défauts qu'on a. Je suis entièrement responsable de ce qu'on me fait depuis la primaire. C'est de ma faute. On projette ses défauts sur moi au lieu d'avoir le courage de les assumer. On m'insulte de lâche alors que je subis tout ce mal depuis maintenant 14 ans. L'année passe et je reçois du soutien moral de TG, pendant mes pires moments de déprime. Contrairement à la première, je me sens plus à même de me battre ! Je sens que ce que je vis peut me rendre plus fort au lieu de m'abattre ! Cela me donne même du courage, j'ai une carapace qui se crée contre toutes agressions ! J'apprends à me défendre, je me remet au boulot même si j'ai encore de mauvaises notes et si j'ai la flemme. Je réussis à me défendre plusieurs fois ; un de mes emmerdeurs de ma classe me lançait souvent « T'es chaud Seby », je lui répond sur le même ton « T'es con Jessee ». Il m'a plus jamais adressé cette phrase. J'apprend de fil en aiguille à répondre au tac au tac, les deux gars me sont fort utile pour apprendre à me défendre ! Je leur aurait dit merci franchement ! Parfois, les batailles verbales s'enlisaient (le professeur intervenait) mais je me décourageait pas. J'ai trié mes amis sur facebook, fermé mon ask.fm, je prenais sur moi. J'essaie de convertir ma colère contre les autres en motivation pour avoir mon bac. Je me sers de choses négatives pour produire du positif. J'apprends à me distancer de mes émotions, à les voir d'un point de vue d'observateur. J'apprends à gérer mon angoisse. Il y a quelques moments difficiles, une fois où je m'en suis pris à ma sœur ou quand des gens m'emmerdaient encore, mais cela devenait rare au fur et à mesure que le BAC approchait. Les gens commencent à réviser et moi aussi, je me ramène avec des annales de BAC, je participe à des séances de révisions, ces révisions je les ressens comme une promenade de santé ! La solitude peut apporter beaucoup de bonnes choses.

    Il y a eu des moments difficiles tout de même : un jour, en philo, le professeur rend des copies (deux contrôles, un devoir-maison et une dissertation). JB et DC sont derrière moi. Ils commencent à dire "alors Seby t'auras encore de sales notes ? Le professeur rend le DM. DC ne l'a pas fait (de même pour JB). Ils ont 0. Ils obtiennent une très mauvaise note aux contrôles et à la dissertation. À partir de la première note, ils commencent à pointer un crayon dans mon dos. Ils balancent un tas d'insulte, je me défend mais ils m'ont à l'usure.
    Un jour en accompagnement personnalisé, les mêmes ainsi que un gars assez costaud m'embrouillent. Je répond au gros "Bon maintenant tu me respecte OK ? Est-ce que je t'ai dit un truc sur ton style ? Nan alors tu fermes ta gueule". C'est efficace.
    En TP de chimie, JB balance de l'eau à tout le monde avec les pipettes graduées et les propipettes.
    Le lycée tient une page sur FB "spotted", qui permet de diffuser des déclarations d'amour anonymes. En Juin, je constate qu'un message négatif m'est adressé (tu n'es qu'un sale trouillard ...).

    La dernière semaine de cours arrive et un TP se passe mal. DC et JB me gênent pendant mon travail. Quand je sors, ils continuent. DC me met au défi « Vas y frappe moi si t'es énervé contre moi ». Je me retourne et lui donne deux coups de poings. JB part suivi de DC. Ils ne m'emmerderont plus. Je finis par ne plus avoir peur des gens du lycée. Le BAC arrive et chaque jour je me défoule sur une copie que je remplis copieusement. Le lycée est calme, seul les terminales sont là. JB me reparle une dernière fois à propos de fiches de révisions que j'ai fait quelques mois avant. « T'es fou d'avoir fait tout cela », je le regarde en étant menaçant et il ajoute « après le BAC arrive de toute façon alors tu fais ce que tu veux ». Le leader des emmerdeurs a plié.

    Le dernier jour d'épreuve, j'écris sur une feuille de brouillon « LIBERATION », je donne mes copies, j'émarge, je remballe mes affaires et je pars avec un sentiment de réelle libération. Le lycée, c'est fini, je suis sorti de cet enfer. Mes anciens harceleurs n'ont plus d'emprise sur moi, je suis libre !

    Le 5 Juillet 2013, j'obtiens mon BAC mention assez bien. Ma famille me félicite (sauf mon père qui à l'heure actuelle ne sait peut-être pas si j'ai mon BAC mais je m'en contrefiche).

    Les jours suivant, je reste figé émotionnellement, je réalise pas ce qui vient de finir. Je rentre à la fac en septembre et j'ai peur que le rejet reprenne. Je reste seul, même si je sympathise avec un ou deux étudiants. En Juin 2014, j'obtiens mon année (je suis dans les premiers de ma promo). Finalement, je me suis fait plusieurs potes. Cependant, je dois me débarrasser de plusieurs choses gênantes : je ne cesse d'avoir les pensées tournées vers le passé et je me méfie facilement.
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    Message  Iron Calimero Mar 12 Aoû - 9:10

    Salut,

    c'est normal de se méfier facilement après tout ce qui t'es arrivé. Les personnes précoces intellectuellement sont souvent harcelées, tu n'as pas à te le reprocher. En tout cas félicitations pour ton bac.

    Tu es toujours le bienvenu ici. Bonne chance pour la suite. Wink
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    Message  aragatz Ven 15 Aoû - 11:59

    Ca c'est malheureusement classique : comme on est intellectuellement précoce (pour ne pas dire surdoué), avec des idées, goûts, valeurs, attitudes, caractères différents, on est mal vu et même paradoxalement on passe pour un idiot ! Et c'est dingue tout ce que tu as enduré depuis la maternelle ! Y compris dans ta famille...
    Certes tu as pris sur toi longtemps mais à force, comme un vase, la goutte d'eau le fait déborder et psychologiquement c'est pareil à force d'accumuler les traumatismes, injustices, coups (physiques et moraux), on finit par péter les plombs...
    Bienvenue sur le forum et bon courage en attendant !
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    Message  Seb Lun 25 Aoû - 22:51

    Merci de vos réponses même si je viens avec retard. J'ai plusieurs questions sur le temps présent.
    Mon passé fait que j'ai du mal à prendre le moral, à positiver, à m'ouvrir. J'ai plutôt tendance à garder un caractère assez solitaire et amer. Comment avez vous réussi à positiver et à vous relever ?
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    Message  Iron Calimero Mar 26 Aoû - 10:32

    Pas grave: on vient quand on veut, comme on veut!

    Personnellement, j'ai vu une psychologue pendant des années, et je la vois encore aujourd'hui. Il m'a fallu du temps. Je crois que le truc, c'est faire ce qu'on aime (parce que ça vous valorise) et se lancer des défis de temps en temps, même des petits défis (moi, c'était m'inscrire à un cours de karaté). C'est toujours pas facile mais j'essaie. Tu écris très bien, c'est déjà un gros atout!

    J'ai aussi créé ces pages si tu veux jeter un coup d'oeil:

    http://anti-bullying.over-blog.fr/article-conseils-aux-anciennes-victimes-de-harcelement-scolaire-119293709.html
    http://jaisurvecuauharcelement.tumblr.com/

    Salut! Wink
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    Message  Victor Lun 6 Oct - 14:27

    Salut.

    Je dois t'avouer que je n'ai pas tout lu, mais je continuerai plus tard.

    En 97, quand tu entrais dans ta première classe, moi j'étais devenu délinquant et punk, projetant une image hostile, même si dans le fond de moi-même, j'étais resté très pacifiste, posé et respectueux. Ça a été ma première voie de sortie de l'enfer. Au moins, j'étais respecté, j'avais des amis.

    Mais je te dirais que les 4 piliers du bonheur et de la libération, pour moi, ça a été c'est les Voyages, l'Art, la Nature, le Sport (VANS).

    D'une manière ou d'une autre, lors d'un Voyage, tu as toute la possibilité de te redéfinir. Personne ne te connais. Tu peux jouer à être qui tu veux aux yeux du monde.

    Dans l'Art et la création, avec le dessin, la musique, la peinture, ou même l'art éphémère (par exemple, placer des cailloux et des bouts de bois par terre de manière à former des formes) (1) c'est toi qui a le contrôle, et (2) ça fait sortir ce qu'on a à l'intérieur, ça évite le refoulement.

    La Nature, je dirais que c'est elle qui m'a sauvé la vie. Dans la nature, on est loin de ce que j'appelle les «histoire d'humains», nous sommes en connexion avec les arbres, les oiseaux, les plantes, le ciel et la terre, le soleil, les éléments. Personne pour nous juger.

    Le Sport, mais plus simplement l'activité physique. Admettons-le, notre corps est une machine à bouger, et faire de l'ordi à journée longue c'est vécu comme une punition ou une torture par notre corps. En plus de tout ce que ça apporte niveau santé (oxygénation, etc.), ça permet de se défouler et de libérer des émotions.

    Je pourrais détailler à l'infini tous les bienfaits de ces 4 points, et de quelle manière ils sont complémentaires et fantastiques. Par exemple, avec le sport et le voyage: après une activité soutenue (disons, le vélo) ça modifie notre posture et notre langage corporel, nous dégageons un mieux-être, une aisance nouvelle, et dans le voyage, nous sommes une page blanche pour les gens, ils nous voient pour la première fois avec cette posture ouverte, cette respiration franche, etc. C'est un duo idéal pour se «reprogrammer» au bonheur .

    Dans la nature, il est permis de pleurer, chanter, rire, courir, se mettre en boule au pied d'un arbre et chialer les larmes de notre corps. On se dit «pourquoi moi?» «Est-ce que ma vie sera gâché à jamais?», etc. Et on se rend compte que l'arbre nous supporte comme un confident, comme un ami sincère. Et ce n'est pas idiot. Les être humains proviennent des primates qui ont toujours vécu près (ou dans) les arbres. Pendant des millions d'années, les arbres ont été là et nous avons co-évolués avec eux. Aussi, le ciel devient un miroir pour nos émotions. La forme des nuages, leur couleur, leur vitesse, communiquent avec nos cellules. Le soleil parle à nos endorphines et autres neurotransmetteurs. Dans la nature, on se reconnecte à quelque chose de très profond, en nous, et qui est solide comme une montagne. Mon langage peut sembler ésotérique, mais j'ai une formation universitaire en sciences biologiques. Les êtres humains sont biologiquement faits pour être dans la nature, pas dans du béton. Ça ne veut pas dire de «retourner à la chandelle», mais de convenir que notre organisme bénéficie énormément du contact avec la nature.

    Un milieu urbain favorise le bullying et la persécution sociale. Ça a même été testé chez les rats. Le fait de marcher ou d'être assis devant un horizon immense, ça fait énormément de bien.

    Bref, avec les 4 pilliers, (VANS) je crois que tout être humain peut se sortir des idées noires et des situations les plus désespérées.

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