Bonjour. Je ne sais pas vraiment pourquoi je viens ici, sûrement pour parler. Cette conversation je l'ai déjà eue des centaines de fois, mais aujourd'hui j'ai besoin de l'écrire, de savoir que quelqu'un d'autre que ma conscience pourra le lire. Si vous voulez bien être cette personne je vous en remercie, dans le fond je souhaite juste me vider l'esprit, cela n'a pas d'importance.
J'ai quatorze ans, et pourtant tous les soirs je pleure. Je pleure seule car je m'interdis de révéler quoi que ce soit à quiconque, et pendant la journée je souris.
Tout a commencé à mon entrée en primaire, j'avais cinq ans. À l'époque j'ai précipité mon malheur. J'eus la bêtise de ne pas m'intéresser aux autres. J'étais enfant unique, mes parents travaillaient, alors j'avais passé mes premières années à jouer seule sans voir d'autres enfants. Tout naturellement je me suis écartée des autres, pas spécialement par peur ou par timidité, juste par indifférence. Jusqu'à ce que j'apprenne à lire rien ne se passa, mais alors je me suis passionnée pour les études. En quelques années je lisais des romans, et mon vocabulaire était jugé trop étoffé pour mon âge. Cela me valu le surnom de "dictionnaire", surnom péjoratif bien entendu. Les autres enfants se sont rappelés de ma présence, mais je n'étais l'amie de personne. On a commencé à me bousculer, à se moquer de moi systématiquement et finalement à chercher à me faire souffrir, mais j'y reviendrai plus tard.
Paradoxalement, plus on me faisait du mal, plus je cherchais la compagnie. Ce devint un jeu de trouver des excuses pour ne pas jouer avec moi : "T'es une fille !","T'es grosse !", "T'es moche !" ou "Intello !". Ce dernier qualificatif ne vint que plus tard, mais il me colle encore aujourd'hui. Néanmoins c'est surtout le fait d'être une fille qui me fit alors souffrir. Convaincue d'être le problème, je finis par donner raison à ceux qui disaient que je faisait garçon manqué (je ne faisais que porter des pantalons sans autre comportement dit "masculin"). Alors je me suis laissée pousser les cheveux, j'ai troqué mes pantalons pour des jupes et des collants et me suis forcée à sourire niaisement. Cela ne suffisait pas, mais on me le fit croire en m'acceptant dans le groupe. Dès lors je devins le bouc émissaire, la fautive dans tout les cas, et le larbin incontesté. Je portais les sacs, je jouait le mauvais rôle sur la cours comme en classe, et j'étais châtiée par l'exclusion quand je ne convenais pas.
À l'époque ma mère était ravie de ce changement. Elle qui rêvait d'une "vraie fille", sage et élégante, ne pouvait espérer meilleur revirement. Restait le problème de mon poids, mais cela l'inquiétait moins. Mes professeurs, eux, durant tout le primaire, n'y ont vu que du feu. Pour eux ce n'étaient que des jeux.
En effet, c'est après mes huit ans que j'ai le plus souffert. Je lisais toujours, car c'était la seule habitude dont je ne pouvais me défaire, et pire, je me passionnais alors pour la littérature classique. Mes livres furent déchirés, jetés, ou crayonnés devant moi. À ce moment là je me suis décidée à en parler. On nous sensibilisait beaucoup là dessus à l'école, er je me disais naïvement qu'ils pourraient faire quelque chose. Malheureusement, mes parents n'ont pas compris, ils m'ont dit que je devais me défendre moi-même, mes professeurs, eux, m'envoyèrent promener. L'une d'elle m'a jeté parmi les paroles les plus blessantes de mon existence : "La récréation n'est pas faite pour lire." Je n'en ai plus jamais parlé, jusqu'à aujourd'hui, anonymement sur ce forum.
Voir les pages de mes livres être déchirées était le pire, je ne m'en suis jamais remise. Je suppliais pourtant, je faisais les devoirs de toute la classe, mais rien n'y faisait. Chaque année le chef de la bande était élu camarade de l'année, et moi je n'avais aucune voix. On ne prenait même pas la peine de me subtiliser mes affaires, on se servait. Je me suis de plus en plus renfermée sur moi-même. J'ai commencé à haïr les autres.
Le jour où mon calvaire a cessé, j'avais dix ans. Pour la énième fois on m'avait volé mon livre, mais cette fois-ci je n'en pouvais plus. Quand l'un d'eux m'a traité de grosse j'ai explosé. Je l'ai frappé, jusqu'à le faire tomber, puis je lui ai donné des coups de pieds. Il s'est mis à pleurer, j'ai pris peur. Je me suis réfugiée aux toilettes, et ai pleuré moi aussi pendant toute la récréation. Je n'y étais pas retournée depuis que des filles de ma classe m'y avaient enfermé, symboliquement j'en finissais.
Les gens ont eu peur de moi, mais tout n'a pas cessé. On a continué de se moquer de moi jusqu'à aujourd'hui, mais maintenant j'ai pour la première fois de véritables amis. À eux non plus je n'ai rien dit, je ne veux pas les importuner. J'ai repris l'apparence de mes six ans, comme si rien ne s'était passé. Je n'ai plus mis de robe depuis quatre ans, et mes cheveux sont de plus en plus courts, je me sens presque libre. Pourtant je pleure encore comme une petite fille, et j'ai perdu toute confiance en moi. Parfois je me dis que j'aimerais des encouragements, que quelqu'un me soutienne, mais je me rends compte que je suis incapable de parler de mon rêve. Car oui, j'en ai un, ce qui est aussi pour moi une nouveauté, du moins à ce stade. Enfin, mon rêve est beaucoup trop fantaisiste, et je n'en ai pas la carrure. Il a au moins le mérite d'exister.
Merci de m'avoir lu. Je ne suis pas très interessante mais comme je vous l'ai dis, je souhaitais juste me donner l'illusion d'un public. Excusez moi les éventuelles (et très probables) fautes d'orthographe. Bonne continuation.
J'ai quatorze ans, et pourtant tous les soirs je pleure. Je pleure seule car je m'interdis de révéler quoi que ce soit à quiconque, et pendant la journée je souris.
Tout a commencé à mon entrée en primaire, j'avais cinq ans. À l'époque j'ai précipité mon malheur. J'eus la bêtise de ne pas m'intéresser aux autres. J'étais enfant unique, mes parents travaillaient, alors j'avais passé mes premières années à jouer seule sans voir d'autres enfants. Tout naturellement je me suis écartée des autres, pas spécialement par peur ou par timidité, juste par indifférence. Jusqu'à ce que j'apprenne à lire rien ne se passa, mais alors je me suis passionnée pour les études. En quelques années je lisais des romans, et mon vocabulaire était jugé trop étoffé pour mon âge. Cela me valu le surnom de "dictionnaire", surnom péjoratif bien entendu. Les autres enfants se sont rappelés de ma présence, mais je n'étais l'amie de personne. On a commencé à me bousculer, à se moquer de moi systématiquement et finalement à chercher à me faire souffrir, mais j'y reviendrai plus tard.
Paradoxalement, plus on me faisait du mal, plus je cherchais la compagnie. Ce devint un jeu de trouver des excuses pour ne pas jouer avec moi : "T'es une fille !","T'es grosse !", "T'es moche !" ou "Intello !". Ce dernier qualificatif ne vint que plus tard, mais il me colle encore aujourd'hui. Néanmoins c'est surtout le fait d'être une fille qui me fit alors souffrir. Convaincue d'être le problème, je finis par donner raison à ceux qui disaient que je faisait garçon manqué (je ne faisais que porter des pantalons sans autre comportement dit "masculin"). Alors je me suis laissée pousser les cheveux, j'ai troqué mes pantalons pour des jupes et des collants et me suis forcée à sourire niaisement. Cela ne suffisait pas, mais on me le fit croire en m'acceptant dans le groupe. Dès lors je devins le bouc émissaire, la fautive dans tout les cas, et le larbin incontesté. Je portais les sacs, je jouait le mauvais rôle sur la cours comme en classe, et j'étais châtiée par l'exclusion quand je ne convenais pas.
À l'époque ma mère était ravie de ce changement. Elle qui rêvait d'une "vraie fille", sage et élégante, ne pouvait espérer meilleur revirement. Restait le problème de mon poids, mais cela l'inquiétait moins. Mes professeurs, eux, durant tout le primaire, n'y ont vu que du feu. Pour eux ce n'étaient que des jeux.
En effet, c'est après mes huit ans que j'ai le plus souffert. Je lisais toujours, car c'était la seule habitude dont je ne pouvais me défaire, et pire, je me passionnais alors pour la littérature classique. Mes livres furent déchirés, jetés, ou crayonnés devant moi. À ce moment là je me suis décidée à en parler. On nous sensibilisait beaucoup là dessus à l'école, er je me disais naïvement qu'ils pourraient faire quelque chose. Malheureusement, mes parents n'ont pas compris, ils m'ont dit que je devais me défendre moi-même, mes professeurs, eux, m'envoyèrent promener. L'une d'elle m'a jeté parmi les paroles les plus blessantes de mon existence : "La récréation n'est pas faite pour lire." Je n'en ai plus jamais parlé, jusqu'à aujourd'hui, anonymement sur ce forum.
Voir les pages de mes livres être déchirées était le pire, je ne m'en suis jamais remise. Je suppliais pourtant, je faisais les devoirs de toute la classe, mais rien n'y faisait. Chaque année le chef de la bande était élu camarade de l'année, et moi je n'avais aucune voix. On ne prenait même pas la peine de me subtiliser mes affaires, on se servait. Je me suis de plus en plus renfermée sur moi-même. J'ai commencé à haïr les autres.
Le jour où mon calvaire a cessé, j'avais dix ans. Pour la énième fois on m'avait volé mon livre, mais cette fois-ci je n'en pouvais plus. Quand l'un d'eux m'a traité de grosse j'ai explosé. Je l'ai frappé, jusqu'à le faire tomber, puis je lui ai donné des coups de pieds. Il s'est mis à pleurer, j'ai pris peur. Je me suis réfugiée aux toilettes, et ai pleuré moi aussi pendant toute la récréation. Je n'y étais pas retournée depuis que des filles de ma classe m'y avaient enfermé, symboliquement j'en finissais.
Les gens ont eu peur de moi, mais tout n'a pas cessé. On a continué de se moquer de moi jusqu'à aujourd'hui, mais maintenant j'ai pour la première fois de véritables amis. À eux non plus je n'ai rien dit, je ne veux pas les importuner. J'ai repris l'apparence de mes six ans, comme si rien ne s'était passé. Je n'ai plus mis de robe depuis quatre ans, et mes cheveux sont de plus en plus courts, je me sens presque libre. Pourtant je pleure encore comme une petite fille, et j'ai perdu toute confiance en moi. Parfois je me dis que j'aimerais des encouragements, que quelqu'un me soutienne, mais je me rends compte que je suis incapable de parler de mon rêve. Car oui, j'en ai un, ce qui est aussi pour moi une nouveauté, du moins à ce stade. Enfin, mon rêve est beaucoup trop fantaisiste, et je n'en ai pas la carrure. Il a au moins le mérite d'exister.
Merci de m'avoir lu. Je ne suis pas très interessante mais comme je vous l'ai dis, je souhaitais juste me donner l'illusion d'un public. Excusez moi les éventuelles (et très probables) fautes d'orthographe. Bonne continuation.