Contexte: J'ai 12 ans. Ça fait 7 mois que je suis arrivé dans cette nouvelle école et que ma vie a sombré dans un enfer. Je ne parle même plus, j'ai les yeux au sol, mes pieds se trainent lamentablement sur le plancher lorsque je marche en longeant les murs. Mon coeur est enfermé à double tour et j'ai lancé la clef.
J'erre dans les couloirs de l'école à la recherche d'un cours et on m'amène à la bibliothèque, dans une salle avec d'autres élèves qui n'ont pas trouvés de cours (c'est une école alternative où l'élève fait son propre horaire). Dans la salle, aucun des «grands harceleurs» qui m'ont pourri la vie. Seul un espèce de pseudo-comique et ses 2 suiveux, et quelques autres élèves que je n'ai jamais remarqué.
Mais ça recommence. «pssst!» «T'es laid!». «T'es bin laid!». Ect. Les deux suiveux sont encore pire, ils ricanent comme des hyènes. Je me referme comme jamais. La tête pleine de romans de fantasy, j'imagine ma vie comme celle d'un héros exilé dans un désert de glace, qui tente la traversée avant de se rendre compte qu'il est en fait sur une planète de glace, et qu'il est condamné à tourner en rond vainement jusqu’à sa mort, les doigts et le coeur gercés et saignants sous le vent glaçant.
Un moment donné le petit comique prend à partie la seule fille du groupe. Une fille banale, cheveux mi-long mi-courts, chandail de laine. «Tu trouves pas qu'il est laid??», «regarde-le bien, et sérieusement, dis nous si tu trouves qu'il est laid!».
Je la regarde avec mon regard triste et fataliste. Mon visage fermé et sans expression. Prêt, comme d'habitude, à recevoir un coup.
-ben... Il... Il a une belle couleur des yeux.
(À chaque fois que je repense à cette histoire, j'ai encore les yeux qui se mouillent). Ça m'a tellement fait du bien, ce petit compliment tout timide. Ça faisait tellement longtemps que personne d'autre que m'a mère ne m'avait valorisé dans quoi que ce soit, que ça a fait l'effet d'un immense rayon de soleil de juillet sur un petit glaçon. Une symphonie s'est mise à jouer à mes oreilles. Je ressentais comme si la Vie elle-même me faisait une accolade, en me disant «patience, ton calvaire sera fini un jour».
Je crois que rien n'a paru sur mon visage (à part peut-être un genre de merci muet à la fille en question), et je suis retourné à ma feuille, le coeur très content. Ils m'ont laissé tranquille le reste de la journée.
...
Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des témoins. Leur silence, leur participation, leur soutient, leur regard, ce qu'ils disent ou font, pèse énormément dans la balance.
J'erre dans les couloirs de l'école à la recherche d'un cours et on m'amène à la bibliothèque, dans une salle avec d'autres élèves qui n'ont pas trouvés de cours (c'est une école alternative où l'élève fait son propre horaire). Dans la salle, aucun des «grands harceleurs» qui m'ont pourri la vie. Seul un espèce de pseudo-comique et ses 2 suiveux, et quelques autres élèves que je n'ai jamais remarqué.
Mais ça recommence. «pssst!» «T'es laid!». «T'es bin laid!». Ect. Les deux suiveux sont encore pire, ils ricanent comme des hyènes. Je me referme comme jamais. La tête pleine de romans de fantasy, j'imagine ma vie comme celle d'un héros exilé dans un désert de glace, qui tente la traversée avant de se rendre compte qu'il est en fait sur une planète de glace, et qu'il est condamné à tourner en rond vainement jusqu’à sa mort, les doigts et le coeur gercés et saignants sous le vent glaçant.
Un moment donné le petit comique prend à partie la seule fille du groupe. Une fille banale, cheveux mi-long mi-courts, chandail de laine. «Tu trouves pas qu'il est laid??», «regarde-le bien, et sérieusement, dis nous si tu trouves qu'il est laid!».
Je la regarde avec mon regard triste et fataliste. Mon visage fermé et sans expression. Prêt, comme d'habitude, à recevoir un coup.
-ben... Il... Il a une belle couleur des yeux.
(À chaque fois que je repense à cette histoire, j'ai encore les yeux qui se mouillent). Ça m'a tellement fait du bien, ce petit compliment tout timide. Ça faisait tellement longtemps que personne d'autre que m'a mère ne m'avait valorisé dans quoi que ce soit, que ça a fait l'effet d'un immense rayon de soleil de juillet sur un petit glaçon. Une symphonie s'est mise à jouer à mes oreilles. Je ressentais comme si la Vie elle-même me faisait une accolade, en me disant «patience, ton calvaire sera fini un jour».
Je crois que rien n'a paru sur mon visage (à part peut-être un genre de merci muet à la fille en question), et je suis retourné à ma feuille, le coeur très content. Ils m'ont laissé tranquille le reste de la journée.
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Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des témoins. Leur silence, leur participation, leur soutient, leur regard, ce qu'ils disent ou font, pèse énormément dans la balance.